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Jamais assez?

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edito ab 24 oct 24

Le 4 octobre dernier, l’Association des professionnels de l’éducation du Yukon (YAEP) a publié un communiqué réclamant un meilleur salaire pour son personnel dans le cadre du renouvellement de la convention collective. Pour faire face à l’inflation, le syndicat demande une augmentation de 29 % sur trois ans. « De telles demandes ne sont pas responsables sur le plan financier et ne correspondent pas aux modèles de règlement au Canada », a répondu Sandy Silver, ministre des Finances. Le gouvernement propose une augmentation de 12 %.

Trois jours après, c’est au tour du Syndicat des employés du Yukon (SEY) et l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) de réclamer de meilleurs salaires pour le personnel de santé. Conséquence, ces derniers se retirent du Comité directeur de la santé et des ressources humaines du Yukon. « Les travailleurs et travailleuses méritent mieux », disent-ils. Bref, chacun·e réclame sa part de gâteau.

L’inflation continuant de galoper, il semble logique que les salaires lui emboîtent le pas. Mais en réalité, ce n’est pas exactement ce qui se passe. Trop de monde consacre aujourd’hui une partie de son budget au logement. Selon le Bureau des statistiques du Yukon, le territoire a un taux deux fois plus élevé d’insécurité liée au logement (43,8 % des gens consacrent plus de 30 % de leur revenu avant impôts au logement). Pour certaines familles, c’est toute une gymnastique pour arriver à boucler la fin du mois.

Dans un contexte économique plutôt stable, le personnel des ressources humaines doit parfois faire preuve de créativité pour attirer les potentiel·le·s candidat·e·s et les garder, et ce, particulièrement dans le Nord.

Offrir un salaire décent est le minimum. Compter chaque sou dépensé n’est pas synonyme d’une vie digne. Il en va de la santé mentale et physique des gens. Vivre dans l’insécurité financière peut d’ailleurs entraîner des problèmes de santé, comme les maladies du cœur, l’hypertension artérielle, la dépression et l’anxiété.

Un salaire considéré plus ou moins « juste » va également influer sur la motivation de la personne, sur son investissement dans ses tâches au travail et finalement sur sa rétention. Certains employeur·e·s semblent oublier qu’il leur revient bien plus cher en temps, en énergie et en argent de recruter du nouveau personnel que d’accorder, par exemple, une augmentation de salaire ou tout autre avantage à son employé·e. Le taux de roulement peut en effet coûter cher à l’employeur·e et ce, sans compter l’impact néfaste sur sa réputation. Le départ d’un·e employé·e, volontaire ou non, coûterait en moyenne 0,5 à 2 fois son salaire.

Certes, le salaire reste un critère important, voire essentiel pour nombre d’entre nous. Mais pas seulement. Par exemple, la génération Z (les jeunes qui sont né·e·s entre 1995 et 2010) se plaît davantage dans un milieu où il existe une hiérarchie horizontale. Elle est davantage dans la recherche du bien-être et de la conciliation entre la vie personnelle et professionnelle. C’est pourquoi, pour elle, le milieu du travail doit être un milieu de vie, un espace de créativité, d’inventivité et de collaboration. Le travail est ainsi une expérience plutôt qu’une finalité, contrairement à leurs prédécesseur·e·s (la génération silencieuse et les baby-boomers) qui pouvaient faire toute leur carrière au sein  d’une même entreprise. Finalement, cette génération n’hésite pas à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ou tout simplement pour voir de quelle couleur elle est.

En 2023, l’ancienneté moyenne des emplois au Yukon était de 93,4 mois (environ 7,8 ans) tandis qu’au Canada, elle était de 101,5 mois (environ 8,5 ans). Aujourd’hui, attirer les talents au Yukon reste un défi pour les employeur·e·s dans divers secteurs. Pourtant, ce turnover n’est peut-être pas une mauvaise chose. Ce roulement d’employé·e·s permet de donner des opportunités à d’autres. Le départ des un·e·s fait le bonheur des autres, pourrait-on dire. Et le Yukon est bien un endroit où fourmillent les opportunités pour celles et ceux qui veulent bien se retrousser les manches.

Bref, parmi toutes ces réclamations, on serait tenté de citer la fameuse expression, « Qui ne tente rien n’a rien! »


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