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Channel: Éditoriaux – Aurore boréale
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Je t’aime

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edito ab 6 fev 25

Les notifications sur nos écrans n’ont plus de sens, la colère et la peur gagnent du terrain, je ne comprends plus « pourquoi »; je choisis l’inclusion, l’empathie, la compassion.

Le monde se fend en deux devant nos yeux. Les intentions deviennent violentes; je choisis la tendresse, l’égalité, la dignité, le respect.

Puisque le choix de mes gestes m’appartient encore, je choisis de lutter. Par et pour l’amour, je choisis la communauté, l’intégrité.

Aujourd’hui, l’amour me semble la seule réalité sur laquelle je peux compter sans retenue. Je t’aime.

Je sais… Un éditorial n’est pas censé parler de soi. Je ne choisis pas le « on » impersonnel qui est de bon usage journalistique. Je choisis le « je ». Et le « tu. »

Et je t’invite, toi qui me lis, à choisir d’être le « tu » ou de t’identifier au « je ». Comme tu veux. Telle Alice dans son pays merveilleux, le sens des choses n’a pas d’importance ici. Puisque des murs sont érigés autour de nous, je t’invite à mettre un peu de flou sur les frontières de ton esprit.

Entre guerres, conflits internationaux, annonces politiques sans queue ni tête, des gens qui font souffrir ouvertement par nombrilisme ou « manque de confiance ».  Je perds le Nord. Alors, je choisis la paix, la gentillesse.

Pourtant, la frustration gagne du terrain. Ma colère monte. Parfois, l’envie d’entrer dans ce jeu est tentante. Mais ce jeu de pouvoir est biaisé. Les dés sont pipés. Comment jouer quand l’autre ne respecte plus les règles?

Quand chaque phrase mérite d’être rectifiée, fact checkée, comment rester dans la game? N’as-tu pas eu toi aussi le goût de jeter l’éponge? De lancer le plateau de jeu avec tous les pions dessus? De te désintéresser carrément ou même de prendre part à une certaine forme de panique?

À cela s’ajoute la peur de l’inconnu. Le deuil de ce que nous allons perdre, de ce que nous avons déjà perdu. La peur de ce qui s’en vient, de cet environnement nouveau qui ne nous sera peut-être pas confortable… Comment faire confiance au temps quand il semble nous trahir? Et tout ça, à cause de qui? À cause… de « l’autre? »

La faute de « l’autre » qui manipule, qui narcissise, qui attaque… La faute de celui ou de celle que « je » ne suis pas. Que « je » ne veux pas être et surtout ne pas devenir. La faute de l’autre, « pas de moi. »

STOP!

Arrêtons la spirale qui met l’accent sur autrui!

Face aux obstacles, nous avons toutes et tous une force : Qi, Dieu, résilience… Moi, je l’appelle amour.

Notre force, à toi et moi, c’est répéter à nos enfants qu’on les aime sans condition. C’est poser les yeux sur nos collègues et ressentir de la fierté et de la gratitude. C’est remercier des partenaires qui encouragent nos efforts, qui reconnaissent qu’ensemble, on ira plus loin et qu’on sera plus forts.

Ma force, c’est d’aimer. C’est de t’aimer.

C’est là aussi la force de l’Aurore boréale. Un journal qui parle « d’autre chose ». Qui nous rappelle que la vie, malgré ses aléas et ses défis, ça vaut la peine. En évitant de donner trop d’importance à ce qui sème la terreur, il montre qu’ici, maintenant, des gens se battent pour des solutions, simples parfois.

J’ai espoir…. Pas dans un monde meilleur, mais dans un monde où nous voyons déjà le beau. Où les obstacles sont présents, mais abordés avec créativité.

Je crois en notre monde parce que, pour contrer le jour de la déprime, le 23 janvier dernier, la FIN a offert un spectacle d’impro et des crêpes bretonnes! Je crois à un monde qui met en place une exposition d’art intitulée Maux et merveilles en plein milieu de l’hiver. Je crois au plein air, aux arbres, aux orignaux et aux renards. Je crois aux festivals d’hiver, aux équipes de la Yukon Quest qui se lancent dans une course par -32 oC, aux concours loufoques yukonnais et aux sculptures de neige.

Et j’ai cette conviction que, par ces mots, tu pourras toi aussi y voir un peu de beau : une famille qui a parcouru le monde à vélo ou des échanges culturels entre des enfants belges et franco-yukonnais. Dans un monde où la terreur se cultive, je te propose du doux. Du vrai. Au milieu de fausses nouvelles incessantes, il nous restera ça : les nouvelles communautaires.

Car, il est beau notre monde. Face aux attaques, il restera toujours les rires cristallins d’un enfant, la délicatesse de la peau d’un être aimé, le souvenir d’un être cher qui résonnera dans ton cœur.

Notre arme de construction massive, toi et moi, nous l’avons en nous. Peu importe l’horizon politique, nous pourrons toujours choisir le beau.

Alors oui, je choisis de t’aimer. Je choisis de m’aimer aussi, et surtout, de nous aimer. Nous, ensemble. Merci d’être dans ma vie, car, sans toi qui me lis, je me sentirais moins forte. Et j’espère que, par ces mots et par mon existence, j’apporte moi aussi un peu de beau dans la tienne.

Bonne lecture, et… Joyeuse Saint-Valentin!


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