Gwendoline Le Bomin
Les élections fédérales de 2025 ont été lancées le 23 mars dernier sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis. Les candidats et candidates ont donc 36 jours au total pour faire campagne, le minimum prévu par la Loi électorale du Canada.
Parmi les électeurs et électrices, de nombreux et nombreuses francophones se rendront aux urnes.
Notre vote est non négligeable. D’après une analyse des données d’Élections Canada, 38 circonscriptions à l’extérieur du Québec sont francophones, selon Francopresse. Elles se caractérisent par une importante population francophone et une demande significative de services en français. Le média a également lancé le mois dernier un sondage pour mieux connaître les intentions de vote des francophones en situation minoritaire.
On le dit souvent, la communauté francophone au Yukon est vibrante, particulièrement active. Le Yukon est la troisième région du pays où l’on trouve le plus de francophones. Plus de 14 % de la population yukonnaise est bilingue, d’après les données du recensement de 2021. La proportion de francophones a augmenté, passant de 1 % à 2,6 % entre 1986 et 2021. Le Yukon est d’ailleurs le seul endroit au Canada où le nombre de personnes immigrantes francophones augmente.
La communauté francophone est également engagée. Mentionnons que quatre des candidats et candidates à la campagne fédérale du Yukon sont francophones, ou peuvent s’exprimer en français.
On a toutes et tous un rôle à jouer. Il est important de se mobiliser plus que jamais et de faire entendre notre voix et de tendre vers l’amélioration de l’accès de nos droits. Car à l’heure actuelle, les enjeux francophones ne semblent pas figurer en haut de la liste des priorités.
En effet, le nouveau gouvernement formé par Mark Carney brille par l’absence du poste de ministre des Langues officielles. Cette responsabilité semble avoir été confiée au Québécois Steven Guilbeault. Celui-ci assume désormais les fonctions de ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, de Parcs Canada, ainsi que de lieutenant du Québec. Espérons que ce ministère réapparaîtra après les élections.
La francophonie devrait être prise en considération par tous les partis politiques. À ce sujet, le journal a demandé aux six candidats et candidates du Yukon quelle serait leur priorité dans le cas où il ou elle serait élu·e.
En 2023, un article dans le magazine de l’Aurore boréale soulignait la réputation engagée et revendicatrice de la Franco-Yukonnie et ses défis, car bien que francophone, la personne qui se présente à une élection ne signifie pas forcément qu’elle le fait pour être porte-flambeau de la langue. Toutefois, le visage actuel de notre communauté est le résultat d’engagements et d’influences politiques.
Alors, pourquoi le vote des francophones en situation minoritaire est particulièrement important?
En octobre dernier, la participation des électeurs et électrices de Whitehorse et d’autres communautés aux élections municipales du Yukon a été faible. Par exemple, le nouveau maire et le nouveau conseil municipal de Whitehorse ont été élu·e·s par seulement 27 % des électeurs et électrices de la capitale.
Ainsi, voter vise à protéger nos droits linguistiques. Élire un ou une représentante de parti politique qui défend et protège la langue française serait à notre avantage, notamment dans les services publics, l’éducation, la culture et l’administration.
On contribue aussi à garantir notre représentation au sein des institutions politiques. Une forte participation électorale renforcerait la voix de la communauté francophone et inciterait les gouvernements à répondre à nos préoccupations.
Finalement, se mobiliser constitue un moyen de soutenir des initiatives et des politiques qui favorisent la préservation et le développement de la langue et de la culture francophones. Les élections permettent de choisir des dirigeants et dirigeantes qui reconnaissent l’importance de la diversité linguistique et culturelle.
L’engagement citoyen au quotidien est important. Le gouvernement fournit des efforts que l’on aimerait parfois plus rapides. Mentionnons, par exemple, le lancement, en début d’année, de la nouvelle carte d’assurance-santé pouvant comporter dorénavant des signes diacritiques employés en français ainsi que la mention « FR » indiquant que la langue de soins préférée est le français. Le déploiement de cette nouvelle carte améliore l’accès aux services de santé en français dans le territoire.
Bref, notre engagement et notre vote sont essentiels pour faire avancer la francophonie. Chaque voix compte et, ensemble, nous avons le pouvoir d’influencer les décisions politiques qui façonnent notre avenir.